1. L'Intention

 Fin juin 2021, Nicolas publie un de ces tweets semi-provoc, semi-rigolos, semi-sincères dont il a le secret :



Moi qui suis fan de drama et d'histoires avec des femmes fortes, ça me parle immédiatement : il faut que j'écrive ce jeu. Assez rapidement, je mets inconsciemment de côté l'aspect « elles cherchent à grimper socialement » (ainsi que le sous-texte D&D) et mes intentions d'écriture se cristallisent dans les points suivants :

- Un jeu avec de la magie, sans doute de manière freeform parce que les listes de sort à rallonge c'est insupportable

- Un jeu avec du drama, mais plutôt centré sur l'extérieur du groupe : j'ai déjà écrit (et joué à) des jeux où les PJ s'écharpent entre eux, ici ça me paraît intéressant de proposer aux joueuses d'incarner un groupe soudé se battant contre des forces extérieures, qui sont aussi bien des démons bien réels que des emmerdes quotidiennes

- Un jeu un peu plus « tradi » dans ses mécaniques. En soi ça ne veut pas dire grand chose, mais après l'expérimentation de Pendant ce temps, dans le métro et les jeu sans dé et très narratifs Deux Étés et Cités Abîmées, j'avais envie de revenir à un truc avec un MJ, plein de dés qu'on lance, des attributs chiffrés… On verra dans les prochains billets que je n'ai pas tout à fait respecté cette promesse (des cartes de tarot sont notamment venues s'insérer dans la mécanique) mais c'était mon idée de départ, pour ce jeu ou un autre, et c'est tombé sur ce jeu

- Enfin, un jeu avec un message idéologique explicite : ce n'est pas le cas de mes jeux précédents, mais comme souvent je suis l'exemple de mon amie Melville et cela fait un moment que je veux faire un jeu où mes convictions féministes s'affichent. Hex & the City (HxTC) sera celui-là

Cette dernière intention n'est à mes yeux pas évidente, dans le sens où une des inspirations du jeu, c'est bien sûr la série Sex & the City, donc un truc avec plein de clichés sur la féminité (et, accessoirement, sur un milieu social plutôt aisé). Mais c'est justement l'équilibre un peu casse-gueule entre quelque chose de presque revanchard dans le propos (des sorcières qui maudissent littéralement le patriarcat capitaliste et ses forces du mal) et quelque chose de beaucoup moins sérieux (s'amuser à pasticher avec affection ces séries avec des histoires de cul et de cœur un peu foireuses, des soirées à siroter des mojitos en lisant Cosmopolitan…) qui m'intéresse comme défi d'écriture, encore plus parce que, en tant qu'homme cishet, je suis assez loin de ces questions dans ma vie quotidienne.
Mais ça, ce sont des questions à réserver plus tard : il est clair qu'il me faudra engager une ou plusieurs sensitivity readers pour être sûr de ne pas faire n'importe quoi, mais en attendant il faut bricoler un système… Je vous en parlerai dans le prochain billet !

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